dimanche 31 juillet 2016

L'eau et la selva


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Avant la conquête de l’Amérique du Sud, le Río de las Amazonas n’avait pas de nom général, à la place les différentes tribus indigènes avaient des noms qui désignaient chacune des sections qu’ils occupaient, tels Paranaguaza, Guyerma, Solimões et d’autres. Vicente Yañez Pinzon qui fut le premier explorateur du fleuve l’appela le fleuve Río Santa Maria de la Mar Dulce, du fait de l’absence de salinité en mer au niveau de l’embouchure. Ce fut rapidement abrégé en Mar Dulce, puis enfin pour quelques années, après 1502, il fut connu sous le nom Río Grande. Les compagnons de Pinzon appelèrent le fleuve El Río Marañón. 

Le mot Marañón a, pour certains, des origines indigènes. Cette idée fut développée pour la première fois dans une lettre de Pierre Martyr d'Anghiera adressée à Lope Hurtado de Mendoza en 1513. Cependant, ce mot peut aussi dériver de l’espagnol maraña — qui signifie un enchevêtrement, une pagaille — il représenterait ainsi les difficultés rencontrées par les premiers explorateurs lors de la navigation non seulement de l’embouchure du fleuve mais aussi des multiples canaux, et des rives découpées qui forment l’actuel État brésilien du Maranhão. 

Mais ce fut Francisco de Orellana qui définitivement lui donna le nom d'Amazone pour la simple raison que pendant son voyage sur le fleuve, il fut attaqué le 24 juin 1541 par une tribu de femmes guerrières (des amazones). Le nom rio Marañon a toutefois été conservé au Pérou pour désigner la partie du fleuve située en amont du confluent de l'Ucayali.

La voz Amazonas proviene de río de las Amazonas, dado al Marañón por Francisco de Orellana luego de enfrentarse a una etnia local en la cual hombres y mujeres se defendían por igual. Orellana derivó el nombre del mito griego de las guerreras amazonas de Asia y África, narrado por Heródoto y Diodoro. Sin embargo, es muy probable que la palabra Amazonas fuera una deformación por falso amigo paronomásico de una palabra indígena cuya pronunciación a oídos españoles era semejante a "Amazonas", palabra indígena que significaba "rompedor de embarcaciones"; esto especialmente entre los marayoara, que podían observar el tremendo macareo ("pororoca") que este río provoca al contactar en su desembocadura con el océano Atlántico. Antes de la conquista, el río no tenía un nombre único; por el contrario, los indígenas nombraban indistintamente a las diferentes secciones con voces como Paranaguazú (Gran Pariente del Mar), Guyerma; Solimões, etc.

En 1500, Vicente Yañez Pinzón, comandante de una expedición de exploración española, se convirtió en el primer europeo en aventurarse por el río luego de descubrir que sus aguas eran navegables y bebibles. Pinzón llamó al curso de agua el río Santa María de la Mar Dulce, que finalmente fue abreviado a Mar Dulce (nombre que también se dio en esas épocas al Río de la Plata). Durante algunos años posteriores a 1502 también se le conoció como Río Grande y Orellana. Los compañeros de Pinzón bautizaron al desaguadero como río Marañón, voz de probable origen indígena. Es posible también que el nombre derive del español maraña, en representación de las enormes dificultades que aquellos hombres encontraron al explorar el área. En todo caso, la designación ha persistido hasta nuestros días en el del Estado brasileño de Maranhão y en el del río homónimo en el Perú. 



L'explorateur


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Richard Evans Schultes a passé douze ans dans l'Amazonie colombienne entre 1941 et 1952 et il a exploré des terres où aucun naturaliste n'était jamais allé. Il a tracé des cartes des fleuves, vécut parmi deux douzaines de groupes indigènes et il a collecté près de 30.000 espèces botaniques dont 300 nouvelles espèces inconnues jusque là par la science. Ce fut une autorité botanique mondiale sur les thèmes du caoutchouc naturel et des plantes médicinales, toxiques et hallucinatoires. Ses photographies évoquent une époque où les forêts humides étaient encore immenses et où les peuples qui y vivaient, avaient recours aux plantes pas seulement pour leur nourriture mais aussi pour leur usage médicinal et religieux.

Richard Evans Schultes pasó doce años en la Amazonia colombiana, entre 1941 y 1952, explorando tierras en las que ningún naturalista había estado antes. Él trazó mapas de los ríos, vivió entre dos docenas de grupos indígenas, y recolectó cerca de 30.000 especímenes botánicos, incluyendo 300 nuevas especies desconocidas hasta entonces para la ciencia. Fue una autoridad botánica mundial en los temas del caucho natural y de las plantas medicinales, tóxicas y alucinógenas. Sus fotografías evocan una era en la que las selvas húmedas se conservaban inmensas, y los pueblos en ellas se valían de las plantas no solo para su sustento sino también con propósitos medicinales y religiosos. 
 


La pierre de Nyi


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On appelle "art rupestre" les traces d'activité humaine ou les images gravées ou peintes sur des surfaces rocheuses. Au cours de son passage sur terre, l'être humain a concrétisé dans des grottes, sur des pierres et des parois rocheuses, d'innombrables représentations d'animaux, de plantes ou d'objets ; des scènes de la vie quotidienne, des signes et des figures géométriques, etc. Ce sont des oeuvres considérées comme les plus anciennes manifestations de son habileté et de sa pensée. Avant le développement de l'écriture, les sociétés humaines enregistraient probablement déjà, à travers la peinture et en gravant les pierres, une grande partie de leur vécu, de leurs pensées et de leurs croyances. 

“[Ce pétroglyphe de la Pierre de Nyi] est sacré pour tous les indigènes d'une zone très vaste. Situé près de la confluence du fleuve Piraparaná avec l'Apaporis, il se trouve presque sur la ligne équatoriale. Gravé sur un granit dur... Les indigènes d'aujourd'hui croient qu'il marque le lieu exact où "les premiers gens" sont arrivés depuis la Voie Lactée, sur un canoë tiré par un anaconda, un homme, une femme et trois plantes : Le manioc, la coca et le yagé ou caapi".
 —Richard Evans Schultes, Vine of the Soul

Se conoce como arte rupestre a los rastros de actividad humana o imágenes que han sido grabadas o pintadas sobre superficies rocosas. En su paso por el mundo, el hombre ha dejado plasmadas en cuevas, piedras y paredes rocosas, innumerables representaciones de animales, plantas u objetos; escenas de la vida cotidiana, signos y figuraciones geométricas, etc., obras consideradas entre las más antiguas manifestaciones de su destreza y pensamiento. Antes del desarrollo de la escritura, las sociedades humanas posiblemente registraban ya, mediante la pintura y el grabado en piedras, una gran parte de sus vivencias, pensamientos y creencias. 

“[Este petroglifo de la Piedra de Nyi] es sagrado para todos los indígenas de una vasta área. Ubicado cerca a la confluencia del río Piraparaná con el Apaporis, se encuentra casi en la línea ecuatorial. Labrado en granito duro…, los indígenas de hoy creen que señala el lugar exacto donde ‘la primera gente’ llegó desde la Vía Láctea en una canoa tirada por una anaconda, un hombre, una mujer y tres plantas: la yuca, la coca y el yagé o caapi”.
—Richard Evans Schultes, Vine of the Soul 




Jeune Kamsá à la fleur d'Ayahuasca


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L’ayahuasca ou yagé est un breuvage à base de lianes consommé traditionnellement par les chamanes des tribus indiennes d'Amazonie, utilisé pour sa capacité curative associée aux croyances et pratiques locales. Par extension, ayahuasca est le nom donné aux lianes du genre Banisteriopsis dont l'écorce sert principalement à la composition de cette boisson.

En la medicina tradicional indígena de varios pueblos de Amazonia,  elaboran la poción conocida como ayahuasca, un brebaje con propiedades enteógenas en el cual el tronco de Banisteriopsis caapi es uno de los principales componentes junto a hojas de chacruna (Psychotria viridis) o de Diplopterys cabrerana.

Les plantes des Dieux. Richard Evans Schultes et Albert Hofmann. Editions du Lézard, 2000





mardi 12 juillet 2016

Jeune Kamsá dans un champ de frailejones



Le peuple Kamsá ou Camsá (appelé aussi sibundoy et kaminčá) est un peuple amérindien qui habite la vallée de Sibundoy au nord-est du département du Putumayo et à l'est du département de Nariño, en Colombie. Une partie du territoire Kamsá fut conquise par l'Inca Huayna Cápac en 1492 et il y établit le peuple kechua connu aujourd'hui comme Inga. Après la défaite des incas en 1533, la région fut envahie par les espagnols à partir de 1542 et soumise à partir de 1547 à différentes missions catholiques: franciscains, dominicains, l'ordre de la Merced, les augustins, les jésuites, et finalement les capucins qui ont gouverné le Sibundoy de manière hégémonique entre 1893 et 1969. A partir du départ des capucins, les Kamsá ont réussi à établir dans leur Réserve, l'autorité autonome du Cabildo indigène reconnue par la Constitution colombienne de 1991. Ce sont des agriculteurs qui cultivent le maiz, les haricots, le chou, les fèves, les pois, la pomme de terre et d'autres tubercules et végétaux. On trouve notamment dans leurs jardins la présence de plantes médicinales.

Camsá o Kamsá (también sibundoy y kaminčá) es un pueblo amerindio que habita en el valle de Sibundoy al noroeste del departamento de Putumayo, y al este del departamento de Nariño, Colombia. Parte del territorio Camsá fue conquistado por el Inca Huayna Cápac en 1492 y estableció allí la población quichua que hoy se conoce como Ingas. Tras la derrota de los incas en 1533, la región fue invadida por los españoles desde 1542 y sometida desde 1547 a sucesivas misiones católicas: franciscanos, dominicos, mercedarios, agustinos, jesuitas y finalmente los capuchinos que gobernaron hegemónicamente el Sibundoy entre 1893 y 1969. A partir de la salida de los capuchinos los Camsá han logrado establecer en su Resguardo, la autoridad autónoma del Cabildo indígena, reconocida por la Constitución colombiana de 1991. Son agricultores y cultivan maíz, fríjol, "tumaqueño", repollo, habas, arveja, papa y otros tubérculos y hortalizas, destacándose en sus huertos la presencia de Plantas medicinales (Ver más en Wikipedia)

lundi 11 juillet 2016

Fleuve Carurú, Vaupés. 1943


D'après une photo prise par Richard Evans Schultes en Amazonie colombienne entre 1941 et 1952. Au cours de ses séjours, il explora des terres où aucun naturaliste n'avait jamais été. Je suis touchée par ses vues d'une époque où les forêts humides étaient encore immenses.

Le Vaupés est un des 32 départements de Colombie, situé dans l'Amazonie colombienne. Il possède aujourd'hui une superficie de 54.135 km2 et sa population est de 49 079 habitants, en grande majorité indigène. Il est bordé au nord par les départements du Guaviare et du Guainía (Ces 3 départements formaient auparavant le Grand Vaupés qui fut scindé en 1977). A l'ouest, il y a les départements du Caquetá et du Guaviare. A l'est se trouve le Brésil. Et au sud, le fleuve Apaporis le sépare des départements de l'Amazonas et du Caquetá

Vaupés (también referido como el Vaupés) es uno de los 32 departamentos de Colombia, situado en la Amazonía colombiana. Posee una superficie de 54.135 km² y una población para 2016 de 44 079 habitantes, en su gran mayoría indígenas. Limita por el norte con los departamentos de Guaviare y Guainía (estos tres departamentos formaron lo que fue antes el Gran Vaupés, siendo luego escindidos del mismo), por el este con Brasil, por el sur con el río Apaporis, que lo separa de los departamentos de Amazonas y Caquetá y por el oeste con los departamentos de Caquetá y Guaviare 

mercredi 6 juillet 2016

L'Amazonie perdue

 
L'Amazonie perdue
Voyage photographique du légendaire botaniste Richard Evans Schultes  
Exposition de 39 photographies 
à la Bibliothèque Luis Angel Arango de Bogotá 
du 11 mars au 5 mai 2009

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Schultes est né en 1915 et a visité la Colombie pour la première fois en 1939. Au début, son intérêt pour l'Amazonie était focalisé sur les plantes médicinales mais en 1941, il orienta sa recherche sur le caoutchouc, plante emblématique de l'exploitation des ressources naturelles de cet écosystème, qui avait une valeur stratégique fondamentale pendant la deuxième guerre mondiale puisque la majorité de ses zones productrices au niveau mondial se trouvait sous contrôle japonais.

Schultes n'a pas été "avalé par la selva tropicale" mais il est resté définitivement attrapé par la richesse naturelle et l'abondance des possibilités de recherche offertes par une région encore peu explorée à l'époque.  Il a vécu pendant une douzaine d'années dans l'Amazonie colombienne et est devenu l'un des grands experts mondiaux sur toutes les thématiques en lien avec l'Ethnobotanique dans cette zone. Ses recherches ont été reconnues par ses pairs et par des gouvernements du monde entier. Il a reçu des prix et des distinctions comme la Croix de Boyacá, la Médaille d'Or du World Wildlife Fund, le prestigieux prix Tyler pour les réalisations environnementales et, en 1992, la Médaille d'Or Linéenne de Grande Bretagne, qui est la haute distinction que peut recevoir un botaniste.

A partir de 1951 et jusqu'à sa mort en 2001, Schultes est revenu de nombreuses fois en Colombie et pendant ses séjours, il a réuni plus de 30.000 spécimens de plantes. Associé pendant presque toute sa vie académique à l'Université de Harvard, on trouve parmi ses travaux les plus importants, des recherches sur les applications médicinales du curare, ce poison traditionnel des armes de plusieurs tribus amazoniennes. Pour documenter ses études, il commença à prendre méthodiquement une énorme quantité de photographies de plantes et d'animaux, qu'il classifia et archiva très méticuleusement.

Pendant son premier long séjour, et à chacune de ses venues, Schultes a vécu avec les indiens dans un bon nombre de tribus. C'est peut-être pour cette raison que ses photographies sont particulièrement intéressantes et chaleureuses. Il ne s'agit pas du souvenir de quelqu'un de passage, mais du registre de moments significatifs pris par quelqu'un qui les comprend, quelqu'un qui sait qu'ils ont une existence fragile et qu'ils méritent de ne pas être oubliés.

D'une certaine manière, les photographie de Schultes peuvent être considérées comme la prolongation d'une tradition où figurent les dessins de l'Expédition Botanique et les aquarelles de la Commission Corographique.  Pour nous colombiens, il est émouvant de constater que, de manière répétée, la richesse naturelle de notre pays et l'attitude de ses gens amènent les scientifiques à aller au delà de leurs rigoureuses recherches spécialisées et réveillent en eux des intérêts d'ordre esthétique qui, plus ou moins éloignés dans le temps, enrichissent et humanisent leur héritage.

Il est particulièrement approprié que cette exposition si pleine de sens ait été présentée non seulement à Bogotá, mais aussi dans l'espace culturel du Banco de la República à Leticia (Région de Amazonas), en hommage à la région qui a hébergé et passionné son auteur. Chaque jour donne de nouveaux arguments pour que l'humanité comprenne que le respect de l'Amazonie est absolument vital pour la survie de notre espèce. Les photographies de Schultes sont un motif de plus, elles nous invitent, nous, les colombiens, à réfléchir sur la grande richesse que nous devons administrer au nom de tous.

Source : La Amazonia perdida

Paula aux Camélias

D'après "Auto-portrait aux Camélias" de Paula Modersohn Becker. 1907
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Visite de l'expo Paula Modersohn-Becker au MAM de Paris


L'autre jour, nous sommes allés visiter l'expo "Paula Modersohn-Becker" au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris. Mon attention avait été attirée par le discours de Marie Darieusseq et par les photos des autoportraits de Paula. Le travail de pionnière de cette jeune femme, sa féminité assumée, son histoire terriblement liée à son oeuvre m'ont émue. Paula va certainement hanter mon imaginaire pendant quelques temps. Je la choisis comme une de mes modèles.

El otro dia fuimos a visitar la exposición "Paula Modersohn-Becker" en el Museo de Arte Moderno de la Ciudad de París. Las fotos de los autoretratos de Paula y las palabras de la escritora Marie Darieusseq sobre esa obra me habian llamado la atención. Mirando sus pinturas, me han sobrecogido el trabajo de pionera de esa joven, su feminidad asumida, su historia terriblemente enlazada con su obra. Seguro que Paula va a pasearse en mi imaginario durante algun tiempo. La escojo como una de mis modelos.


dimanche 3 juillet 2016

Visite de l'expo Klee à Beaubourg


Eblouie par les couleurs, la maitrise du trait, le regard taquin, la construction, la finesse, la simplicité complexe et la complexité simple. J'aime Klee. Définitivement. Et je me réjouis que l'année prochaine, il nous soit proposé comme repère au début du cours du mardi soir.

samedi 2 juillet 2016

L'Adieu / El Adios

Yves Bonnefoy est mort hier
Yves Bonnefoy falleció ayer


L'Adieu

Nous sommes revenus à notre origine.
Ce fut le lieu de l'évidence, mais déchirée.
Les fenêtres mêlaient trop de lumières,
Les escaliers gravissaient trop d'étoiles
Qui sont des arches qui s'effondrent, des gravats,
Le feu semblait brûler dans un autre monde.

Et maintenant des oiseaux volent de chambre en chambre,
Les volets sont tombés, le lit est couvert de pierres,
L'âtre plein de débris du ciel qui vont s'éteindre.
Là nous parlions, le soir, presque à voix basse
A cause des rumeurs des voûtes, là pourtant
Nous formions nos projets : mais une barque,
Chargée de pierres rouges, s'éloignait
Irrésistiblement d'une rive, et l'oubli
Posait déjà sa cendre sur les rêves
Que nous recommencions sans fin, peuplant d'images
Le feu qui a brûlé jusqu'au dernier jour.

Est-il vrai, mon amie,
Qu'il n'y a qu'un seul mot pour désigner
Dans la langue qu'on nomme la poésie
Le soleil du matin et celui du soir,
Un seul le cri de joie et le cri d'angoisse,
Un seul l'amont désert et les coups de haches,
Un seul le lit défait et le ciel d'orage,
Un seul l'enfant qui naît et le dieu mort ?

Oui, je le crois, je veux le croire, mais quelles sont
Ces ombres qui emportent le miroir ?
Et vois, la ronce prend parmi les pierres
Sur la voie d'herbe encore mal frayée
Où se portaient nos pas vers les jeunes arbres.
Il me semble aujourd'hui, ici, que la parole
Est cette auge à demi brisée, dont se répand
A chaque aube de pluie l'eau inutile.

L'herbe et dans l'herbe l'eau qui brille, comme un fleuve.
Tout est toujours à remailler du monde.
Le paradis est épars, je le sais,
C'est la tâche terrestre d'en reconnaître
Les fleurs disséminées dans l'herbe pauvre,
Mais l'ange a disparu, une lumière
Qui ne fut plus soudain que soleil couchant.

Et comme Adam et Ève nous marcherons
Une dernière fois dans le jardin.
Comme Adam le premier regret, comme Ève le premier
Courage nous voudrons et ne voudrons pas
Franchir la porte basse qui s'entrouvre
Là-bas, à l'autre bout des longes, colorée
Comme auguralement d'un dernier rayon.
L'avenir se prend-il dans l'origine
Comme le ciel consent à un miroir courbe,
Pourrons-nous recueillir de cette lumière
Qui a été le miracle d'ici
La semence dans nos mains sombres, pour d'autres flaques
Au secret d'autres champs « barrées de pierres » ?

Certes, le lieu pour vaincre, pour nous vaincre, c'est ici
Dont nous partons, ce soir. Ici sans fin
Comme cette eau qui s'échappe de l'auge.


El Adiós

Hemos vuelto a nuestro origen.
Fue el lugar de la evidencia, aunque desgarrada.
Las ventanas mezclaban demasiadas luces,
Las escaleras trepaban demasiadas estrellas
Que son arcos que se hunden, escombros,
El fuego parecía arder en otro mundo.

Y ahora hay pájaros que vuelan de una habitación a la otra,
Los postigos se cayeron, la cama está cubierta de piedras,
La chimenea llena de restos del cielo que van a apagarse.
Allí, por las tardes, hablábamos casi en voz baja
Debido a los rumores de las bóvedas, allí, sin embargo,
Formábamos nuestros proyectos: pero una barca,
Cargada con piedras rojas, se alejaba
Irresistiblemente de una orilla, y el olvido
Depositaba ya su ceniza en los sueños
Que sin fin recomenzábamos, poblando con imágenes
El fuego que ardió hasta el último día.

¿Es cierto, amiga mía,
Que no hay más que una palabra para nombrar
En la lengua que llamamos poesía
El sol de la mañana y el de la tarde,
Una para el grito de alegría y el de angustia,
Una para el desierto río arriba y los golpes de hacha,
Una para la cama deshecha y el cielo tormentoso,
Una para el niño que nace y el dios muerto?

Sí, lo creo, quiero creerlo, pero ¿qué sombras
Son ésas que se llevan el espejo?
Y, mira, la zarza crece entre las piedras
En el camino de hierba aún apenas abierto
Por el que nuestros pasos iban hacia los jóvenes árboles.
Hoy me parece, aquí, que la palabra
Es el pesebre medio roto del que se escapa
En cada amanecer de lluvia el agua inútil.

La hierba y en la hierba el agua que brilla, como un río.
Todo está siempre a la espera de que una vez más se lo ate al mundo.
Sé que el paraíso está diseminado,
Es tarea terrestre el reconocer
Sus flores dispersas en la hierba pobre,
Pero el ángel ha desaparecido, una luz
Que no fue, de golpe, sino un sol poniente.

Y como Adán y Eva caminaremos
Por última vez en el jardín.
Como Adán el primer pesar, como Eva la primera
Osadía, querremos y no querremos
Pasar por la puerta baja que se entreabre
Allá a lo lejos, en la otra punta del ronzal, coloreada
Como auguralmente por un último rayo.
¿Se toma el porvenir en el origen
Como cabe el cielo en un cóncavo espejo?
¿Podremos recoger, de esa luz
Que fue de aquí el milagro,
En nuestras sombrías manos la simiente, para otros charcos
En el secreto de otros campos "cercados de piedras"?

Por cierto, está aquí el lugar para vencer, para vencernos,
El lugar de donde salimos esta tarde. Aquí sin fin
Como esa agua que se escapa del pesebre.

Versión de Carlos Cámara y Miguel Ángel Frontán