dimanche 13 mai 2018

Explorer le monde de la lenteur

Pierrette Bloch


Le Mooc-Pompidou nous a proposé de choisir une oeuvre emblématique de la lenteur, une oeuvre qui magnifie le geste artisanal et le travail patient, en permettant à celui ou celle qui regarde de ralentir. Parmi toutes les oeuvres présentées par les mocqueurs et mocqueuses, voici quelques belles rencontres :

Pierrette Bloch


Depuis les années cinquante, cette artiste (née le 6 juin 1928 et morte le 7 juillet 2017, à Paris) développe un travail rigoureux, tenace et humble. Son oeuvre est constituée de pièces de papier assemblées, avec des points répétitifs aléatoires, sur de larges franges horizontales ou des papiers verticaux, des lignes régulières serrées et des matériaux pauvres : collage, encre sur papier, bois pressé, corde ou crin de cheval. Quelquefois, pareils à des pentagrammes musicaux.
Elle explore les limites entre le dessin et la sculpture, avec des gestes spontanés qui rappellent la calligraphie, en créant une sorte d'écriture personnelle illisible, bien qu'elle refuse toute comparaison avec le texte. A partir des années 80, elle a commencé à travailler avec le crin de cheval, ce qui lui a permis de donner du volume à ses graphies abstraites.
Voir aussi : Reine de la Nuit



Céleste Boursier Mougenot


A la surface d'une piscine bleutée, des bols de porcelaine blanche évoluent et tintinnabulent, créant un paysage visuel et auditif, à la fois apaisant et immersif. La simplicité apparente de l’installation est inversement proportionnelle à la fascination qu’elle exerce sur le visiteur. Les récipients, qui se percutent dans un bassin circulaire sous l’effet d’un léger courant, produisent une mélodie similaire à celle générée par des bols tibétains. La persistance rétinienne et auditive engendrée par le dispositif invite ainsi le spectateur-auditeur à s’abstraire de son environnement pour se concentrer exclusivement sur l’écoute.




Koichi Kurita


La démarche de Koichi Kurita consiste à prélever chaque jour de la terre là où il se trouve. Après avoir collecté trente-cinq mille échantillons au Japon, il rassemble depuis 2004 des terres françaises, notamment dans les communes des vingt-huit départements bordant la vallée de la Loire. Présentées sur le sol, sur des carrés de papier, dans un dépouillement qui rejoint la philosophie zen, elles expriment l’universalité de l’origine et la finitude de l’humanité : Selon Kurita, « tout vient de la terre et tout retournera à la terre ».




François Rouan


Capter la durée, la vitesse lente. Faire son maximum pour capturer du temps. Emprisonner le temps. Comment peindre cette réalité-là ? L'appréhension sensible des choses nous fait entrer dans un autre type de champ. 





Ralentir




samedi 12 mai 2018

Je suis dans la clarté qui s'avance





Je suis dans la clarté qui s'avance
Mes mains sont toutes pleines de désir
Le monde est beau
Mes yeux ne se lassent pas de regarder les arbres
Les arbres si verts, les arbres si pleins d'espoir
Un sentier s'en va à travers les mûriers
Je suis à la fenêtre de l'infirmerie
Je ne sens pas l'odeur des médicaments
Les oeillets ont dû s'ouvrir quelque part
Être captif, là n'est pas la question
Il s'agit de ne pas se rendre
Voilà

Nâzim Hikmet