dimanche 20 décembre 2020

Deucalion et Pyrrha. 6


après Bartolomeo Pinelli (1781-1835)

Nous on veut continuer à danser encore
Voir nos pensées enlacer nos corps
Passer nos vies sur une grille d'accords




Deucalion et Pyrrha. 5


Et recommencer, recommencer sans cesse à jeter des pierres en arrière.
après Andrea di Mariotto del Minga (1540-1896)

"La grande mère est la terre ; les pierres dans le corps de la terre, ce sont, à mon avis, ses os, que nous devons jeter derrière nous. » Bien qu'ébranlée par l'interprétation de son époux, la Titanienne hésite cependant à espérer, tant tous deux restent défiants devant les avis des dieux ; mais quel mal y aurait-il à essayer ? Ils descendent, se voilent la tête, dénouent leurs tuniques et sur leurs pas, derrière eux, selon l'ordre reçu, lancent les pierres.

Ces pierres - qui le croirait, si l'antiquité n'en témoignait ? - commencèrent à perdre leur rigidité et leur raideur, à ramollir peu à peu et, une fois ramollies, à prendre forme. Bientôt, quand elles eurent grandi et pris une nature plus douce, une certaine forme humaine put apparaître, non évidente toutefois, mais semblable à des ébauches de marbre, qui ne seraient pas assez achevées et ressembleraient fort à des statues grossières. 

Cependant, la partie de ces pierres, constituée de terre mêlée à des sucs humides, se métamorphose pour servir de corps ; la partie solide qui ne peut être pliée se change en ossements ; ce qui naguère était veine, reste veine, et conserve donc son nom. En très peu de temps, par la volonté des dieux, les pierres lancées par les mains de l'homme prirent un aspect masculin et de celles jetées par la femme fut reconstituée une femme. C'est pourquoi notre race est dure, rompue à l'effort ; et nous donnons la preuve de l'origine de notre naissance.

 

mercredi 9 décembre 2020

Deucalion et Pyrrha. 4

Et voici encore Deucalion et Pyrrha, avec leur tâche de reconstruire le genre humain. Les pierres de la Terre Mère lancées en arrière d'où surgissent des créatures dont la chair nue, neuve et légère interroge et s'interroge. J'hésitais à peindre le ciel d'un léger voile mais je décide de le laisser vide. 

Oui, le ciel est vide. D'une part, parce que le contraste entre ce qui est peint et ce qui ne l'est pas est intéressant. L'absence de couleur est intéressante. Rajouter encore et encore des couleurs n'aurait fait que charger l'ensemble. Les deux anciens, Deucalion et Pyrrha, sont déjà un peu trop chargés. On va dire qu'ils le sont par le poids de la vie et l'expérience du déluge.

Et puis surtout, je décide de laisser le ciel vide parce que j'aime l'idée d'un ciel vide de dieux.
Nous sommes au XXIè siècle.
Je ne suis pas Rubens.