Et recommencer, recommencer sans cesse à jeter des pierres en arrière.
après Andrea di Mariotto del Minga (1540-1896)
"La grande mère est la terre ; les pierres dans le corps de la terre,
ce sont, à mon avis, ses os, que nous devons jeter derrière nous. » Bien qu'ébranlée par l'interprétation de son époux, la Titanienne
hésite cependant à espérer, tant tous deux restent défiants
devant les avis des dieux ; mais quel mal y aurait-il à essayer ?
Ils descendent, se voilent la tête, dénouent leurs tuniques
et sur leurs pas, derrière eux, selon l'ordre reçu, lancent les pierres.
Ces pierres - qui le croirait, si l'antiquité n'en témoignait ? -
commencèrent à perdre leur rigidité et leur raideur,
à ramollir peu à peu et, une fois ramollies, à prendre forme.
Bientôt, quand elles eurent grandi et pris une nature plus douce,
une certaine forme humaine put apparaître, non évidente toutefois,
mais semblable à des ébauches de marbre, qui ne seraient pas
assez achevées et ressembleraient fort à des statues grossières.
Cependant, la partie de ces pierres, constituée de terre mêlée
à des sucs humides, se métamorphose pour servir de corps ;
la partie solide qui ne peut être pliée se change en ossements ;
ce qui naguère était veine, reste veine, et conserve donc son nom.
En très peu de temps, par la volonté des dieux, les pierres
lancées par les mains de l'homme prirent un aspect masculin
et de celles jetées par la femme fut reconstituée une femme.
C'est pourquoi notre race est dure, rompue à l'effort ;
et nous donnons la preuve de l'origine de notre naissance.
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