jeudi 29 mai 2025
Le petit déjeuner des oiseaux. Gabriele Münter
samedi 17 mai 2025
Jusqu'au secrets des plantes qui me servent à vivre. Hélène Kelhetter
Un tour à l'Espace d'Art des Terrasses de Nanterre ce samedi pour découvrir le travail d'Hélène Kelhetter. Elle est en résidence de création jusqu'au 7 juin. Trois temps vont s'y travailler et s'y exposer : le temps du dessin, le temps de la germination, le temps des ateliers.
J'y ai retrouvé des choses aimées : les plantes, l'indigo, les graines, l'esprit tropical, les racines. En ce moment à l'Espace d'Art, c'est doux, ça répare, ça donne envie de se poser. Envie d'y retourner !
Pour saluer l'artiste en résidence avec un clin d'oeil de l'autre côté de l'Atlantique et l'entourer de ma sororité, j'invite ici la "Maria la Curandera" de Natalia Lafourcade, qui est devenu un chant de guérison porté maintenant par des chœurs de femmes dans toute l'amérique latine.
vendredi 16 mai 2025
Paris Noir
Du nouveau dans mes yeux et dans ma tête
Etre témoin de la nécessaire affirmation de soi
Appréhender le lien entre art et émancipation
Toucher la corde sensible de la lutte pour la libération
Voir l'album ici
J'ai eu besoin ensuite de creuser les parcours de celles et ceux qui avaient particulièrement attiré mes yeux. Autant pour les inscrire dans ma mémoire que pour contribuer à réparer l'oubli dans lequel la domination coloniale patriarcale blanche les avait cantonné.es.
jeudi 15 mai 2025
Victor Anicet
Ses adornos bleus m'ont cligné de l'oeil. C'est un géant de Martinique, un amoureux de la terre, un céramiste qui va aux racines amérindiennes des peuples Karib. Un lycée martiniquais porte son nom, il a peuplé l'espace de l'île avec ses monuments, il a dessiné les vitraux de la cathédrale Notre Dame du bon port à Saint Pierre, en Martinique. Il était un ami cher d'Edouard Glissant.
Catalogue de l'expo SEVE - Octobre 2019
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mardi 13 mai 2025
Luce Turnier
C'est le trait léger, fin et délicat de Luce Turnier qui m'a attirée.
Autant que la construction mathématique de ses collages.
Autant que ses camaïeus de bruns.
Les notices de AWARE :
- Luce Turnier
- A la recherche de Luce Turnier : les années françaises (1951-1957 et 1960-1977)
- Série Animée. Petites histoires de grandes artistes : Luce Turnier
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Beauford Delaney
Les portraits jaunes de Beauford Delaney m'ont scotchée, émerveillée, enthousiasmée.
C'est lumineux, solaire, magnifiquement efficace pour mettre en valeur l'image de la personne.
Occasion aussi de rencontrer son regard sur Marian Anderson, figure de proue de la lutte pour les droits des afro-américains dont le parcours et l'image m'avait déjà touchée. Voir : Femmes de couleur,
Marian Anderson-Icone 1,
Marian Anderson-Icone 2,
Marian Anderson-Icone 3,
Marian Anderson-Icone 4.
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lundi 12 mai 2025
Gérald Bloncourt
Je reconnais chez lui un frère en regard militant et chaleureux. Il y a son engagement et l'attachement à Haïti chéri, son travail au journal l'Humanité, son lien avec le parti communiste, ses photos des migrants, des ouvriers, des enfants et des amoureux. Il se disait "franc-tireur de l'image", il avait "mal au monde".
Notice Wikipedia
Son port-folio : https://www.geraldbloncourt.com/Voir l'album de l'expo "Paris Noir"
samedi 10 mai 2025
Wilson Tiberio

Cela, c’est l’artiste noir qui le dit.
Alors une nouvelle forme d’art apparaît : l’art de combat.
Art de transition pour une période de transition.
Art du présent, entre une grandeur perdue et une autre à conquérir.
Gérard Sekoto
Face à l'affiche de l'expo "Paris Noir", je retranscris ici un beau texte de Jean-Pierre Bekolo (cinéaste) écrit sur Facebook ce 10 mars
C’est en prenant des cours d’anglais à Paris que je rencontre une enseignante sud-africaine, Miss Kay et aussi ma compagne française. C’est Miss Kay qui me met en contact avec Sekoto. Lors de notre première rencontre, il organise un repas avec un traiteur, rien que pour nous deux, dans sa chambre de la maison de retraite. Il m’accueille en costume et cravate, une tenue qu’il arborait toujours lorsqu’il peignait… Quelle classe! Quelle élégance ! Gerard Sekoto parlait un français lent et poétique, toujours empreint de profondeur et de finesse. C’était un homme d’une intensité remarquable, doté d’un grand sens de l’humour.
Très vite, nous instaurons un rituel : chaque week-end, après mes cours à l’INA, nous nous retrouvons chez lui. Il me transmet alors une précieuse leçon : comprendre les Français, savoir ce que l’on peut attendre d’eux et ce qu’il vaut mieux ne pas espérer. Il me parlait souvent en images, me confiant qu’il s’était laissé toucher par eux, alors qu’eux ne se laissaient jamais toucher.
C’est également chez lui que j’apprends, en 1988, que la fin de l’apartheid est proche. Sur mon passeport Camerounais il écrit que je peux voyager dans "Tout pays sauf l'Afrique du Sud". Le neuveu de Gerard Sekoto, Wally Serote – écrivain de renom et futur homme politique – arrive de Londres avec cette nouvelle, après avoir assisté à une réunion secrète. Il rentre en Afrique du Sud et invite Sekoto à le suivre. Mais ce dernier refuse. Il me confie pourquoi, d'abord il ne se considère pas comme un réfugié politique : l’apartheid commence en 1948, alors qu’il quitte l’Afrique du Sud dès 1947, après la guerre, pour se consacrer pleinement à son art. Il avait aussi fait le choix de Paris plutôt que Londres et savait qu’un retour dans son pays, dans la posture d’un artiste célébré, équivaudrait pour lui à une forme de mort. Son rêve aurait été de rentrer anonymement et de poursuivre son œuvre, mais cela était devenu impossible.
Avec les années, ses tableaux figuratifs évoluent vers une abstraction marquée par l’exil. Au début, il peignait la vie vibrante de Sophiatown, ce quartier multiculturel et artistique détruit par le régime raciste de l’apartheid. Plus tard, l’un de ses derniers tableaux que j’ai vus dans sa chambre représentait un homme allumant une cigarette. Il me l’expliquait ainsi : « Il y a un moment où, dans la solitude, seule la flamme de la cigarette compte. » C’est également lui qui m’a enseigné une vérité essentielle sur l’art : « Une vie n’est pas assez longue pour faire deux œuvres. Un artiste passe son existence à essayer de créer la même. »
Malgré tous ses efforts, il m’avoue n’avoir jamais réussi à peindre Paris. Ses peintures françaises ne capturent pas pleinement la ville, qu’il reconnaît ne jamais avoir réellement possédée comme sujet. Cette ville où il débarque en connaissant un seul mot français "où?" pour demander la direction en montrant la carte de Paris. Et la réponse qu'il reçoit lui parait étrange "là-bas!" Il entend "Lapa" dans sa langue Sutu, "Comment ce français a-t-il su que j'étais Sutu?" se demande-t-il. En effet "lapa" veut dire "là-bas" en Sutu.
C’est aussi grâce à lui que je partage mon premier voyage en Amérique, ma rencontre avec les Afro-Américains, à l’époque où Spike Lee émerge sur la scène cinématographique. J’étais alors étudiant en cinéma, et il était curieux de savoir ce que j’en avais pensé. À son arrivée à Paris, lui-même se faisait parfois passer pour un Afro-Américain. Pour vivre, il jouait du jazz au piano dans les bars du Quartier Latin, notamment à l’Échelle de Jacob, juste après la guerre. Il occupa même un temps un appartement où James Baldwin venait de déménager ses affaires. Il habitait alors au 14 rue des Grands-Augustins, à quelques pas du 16, où résidait Picasso.
Il fréquenta également Cheikh Anta Diop et Senghor, qui l’invita au premier Festival des Arts Nègres. Ce fut son seul retour en Afrique. Il me raconta cette époque avec enthousiasme, évoquant le chauffeur et la Mercedes mis à sa disposition pour aller peindre dans la nature : « Je peignais, le chauffeur attendait dans la voiture. »
Une leçon essentielle que je retiens de lui me revient en mémoire. Après mes études à l’INA, je lui avais dit adieu, convaincu de rentrer définitivement en Afrique. Un an plus tard, je me retrouvais pourtant de nouveau à Paris. Il me dit alors : « Je savais que tu n’allais pas rester. » Intrigué, je lui demande pourquoi. Il me répond, toujours dans son langage poétique : « La vie, c’est ce voyage que l’enfant qui sort du ventre de sa mère entame, un voyage sans retour. Si tu rentrais pour poursuivre le voyage, cela aurait été bien, mais visiblement, tu rentrais par nostalgie, en quête du confort du ventre maternel. Cela, ce n’était ni bon pour toi, ni pour ton art, ni spirituellement. »
La dernière fois que je le vois, c’est en 1992, après la projection de mon premier film, Quartier Mozart, qui venait de remporter un prix à Cannes. Dans la salle Gaumont Marignan, sur les Champs-Élysées, je l’aperçois monter les escaliers rouges menant vers la sortie avec sa canne et son chapeau . Ce fut la dernière image que j’ai de lui.
jeudi 8 mai 2025
Banlieues chéries
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Nous sommes allés voir "Banlieues chéries" au Palais de la Porte Dorée.
Il y a une vraie fascination à voir notre quotidien et son histoire exposés dans un musée parisien,
une sensation d'huile d'amande douce sur la peau regardée avec respect.
Alors on fait un coucou spécial aux tours Aillaud voisines.
On revoit avec émoi une photo de Laurent Kronental et on se souvient de "Nanterre sous la mer"
On salue chapeau bas un bloc de béton du stade Bauer et la mémoire du Red Star.
Et on rêve d'improbables tours longilignes construites avec des blocs de légo.
Voir l'album ici
Il faut bien reconnaitre que le rap n'est pas ma musique favorite
Mais
Oui vraiment,
la Banlieue influence Paname
Paname influence le monde.
C'est nous le grand Paris !
mardi 6 mai 2025
L'expérience de la nature
Nous sommes allés au Louvre, voir "l'expérience de la nature, les arts à Prague à la cour de Rodolphe II". Cette petite exposition m'a permis de découvrir Rolandt SAVERY et j'en suis enchantée. J'ai adoré ses paradis, la mise en scène d'animaux tropicaux de toute sorte au milieu des forêts sombres et enchantées d'Europe de l'Est. Scotchée aussi par les dessins de paysage si fins, si fouillés, qui expriment la force des forêts et montagnes alentour.
Et puis l'expo retrace aussi la fascination de la découverte et de la description de la nature, les dessins botaniques, les livres sur les pierres, le début de ce besoin de nommer et de classer.